FAUT IL SE MEFIER DU FER ?
15 août 2019
On nous a souvent parlé du fer et de son rôle indispensable dans l’organisme. Cet article ne remets pas en cause son rôle fondamental mais vous apporte des éclairages sur les types de fer et notamment l’importance du choix des compléments alimentaires.
Le fer est utilisé par notre organisme pour fabriquer l’hémoglobine, une protéine qui transporte l’oxygène.
On désigne de manière indifférenciée deux types de fer différents :
- Le fer ferreux (Fe2+), qu’on retrouve dans les aliments comme la viande et dans les compléments alimentaires.
- Le fer ferrique (Fe3+), qu’on retrouve dans les végétaux.
Dans l’hémoglobine et notre organisme en général, c’est du fer ferreux que l’on retrouve et non du fer ferrique. C’est d’ailleurs pour cette raison que le fer ferrique des végétaux est moins bien absorbé que le fer ferreux des aliments animaux (viandes, poissons) jusqu’à 3 fois moins. De plus le fer ferreux dans notre organisme est emprisonné dans une protéine : l’hémoglobine. Il est indispensable pour éviter toute toxicité que le fer ne se promène jamais seul. Lorsqu’il n’est pas transporté par l’hémoglobine il est dans une protéine de transport nommé la transferrine : une sorte de véhicule de locomotion.
Il peut être aussi stocké dans une autre protéine : la ferritine
Mais dans les compléments alimentaires, le fer ferreux n’est enfermé dans rien du tout : il est libre. Or, si peu de fer libre circule dans notre organisme c’est pour une bonne raison : c’est parce que le fer libre est toxique pour les cellules.
une mauvaise rencontre entre Fer et eau oxygénée: la réaction de fenton
Lorsque du fer ferreux libre rencontre du peroxyde d’hydrogène (l’autre nom de l’eau oxygénée) cela donne naissance à du fer ferrique et a un radical hydroxyle, un oxydant. Le radical hydroxyle est l’oxydant le plus puissant connu dans l’organisme humain .
Le problème est que le peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée, donc) est une molécule omniprésente dans notre organisme. Il est produit lors de la respiration cellulaire au niveau des mitochondries, c’est-à-dire de la production d’énergie. Si du fer ferreux libre se retrouve dans notre organisme on est donc sûr à 100% qu’il va réagir avec l’eau oxygénée et donner le fameux radical hydroxyle toxique.
LES DANGERS
Le radical hydroxyle ne peut pas être neutralisé totalement par les systèmes de défense antioxydants ; il attaque donc tout ce qu’il y a autour de lui:
- Les lipides
- Les membranes cellulaires
- Augmentations des maladies cardiovasculaires
- Risque accru de cancers
- Aggravation des maladies auto-immunes
- Augmentation des maladies inflammatoires de l’intestin.
Ainsi le fer ferreux de notre organisme est quasiment exclusivement stocké au sein de protéines (hémoglobine, transferrine, ferritine) : cela permet de limiter fortement la toxicité du fer, sans l’empêcher de jouer son rôle vital de transport de l’oxygène et de co-facteur de diverses enzymes.
Première conséquence de la supplémentation en fer via un complément alimentaire (de fer seul ou dans un multivitamines) : un affaiblissement des intestins car une partie du fer ferreux est utilisé par les « mauvaises » bactéries de notre intestin pour proliférer comme Escherichia coli selon les chercheurs. En parallèle, nos niveaux de « bonnes » bactéries comme les bifidobactéries ou les lactobacilles, diminue nettement.
Par ailleurs, une étude américaine (Iowa Women’s Health Study) a suivi près de 40 000 femmes pendant près de 20 ans. La majorité des femmes prenaient des compléments alimentaires pendant ce suivi. Or les chercheurs ont mis en évidence que les femmes qui prenaient un multivitamines contenant du fer et/ou du cuivre avaient une forte augmentation de la mortalité, toutes causes confondues.
Pourquoi une telle nocivité ?
Cette nocivité importante du fer en complément alimentaire s’expliquerait à la fois parce qu’il s’agit de fer ferreux mais aussi parce que ce dernier est libre : il passe trop rapidement dans le sang, ce qui ne laisse pas bien le temps à notre organisme pour l’intégrer dans des protéines de transport. Une fois absorbé, ce fer réagit donc de manière importante avec le peroxyde d’hydrogène pour former des radicaux libres. Et c’est pourquoi le fer en complément alimentaire est encore plus nocif que le fer de la viande parce que la viande contient certes du fer ferreux bien absorbé mais qui n’est pas libre : il est stocké dans l’hémoglobine. Or cela ralentit considérablement son absorption par rapport au fer d’un complément alimentaire et donc sa toxicité. Pour rappel, les études sur le fer de la viande rouge ont montré que l’excès de fer ferreux via la viande augmente nettement le risque de cancer du côlon, le risque d’AVC, et les d’accidents cardiovasculaires.
Autre information moins connue, pourtant découverte par des chercheurs de l’INSERM : la nocivité du fer ferreux de la viande peut être bloquée lorsqu’il y a consommation concomitante de végétaux, grâce à leurs antioxydants. Les chercheurs ont même découvert le rapport idéal entre viande et légumes : il faut manger environ 400 g de légumes pour chaque 100 g de viande rouge si on veut empêcher l’effet nocif du fer pour la santé.
Il faut aussi préciser que le ferrique des végétaux peut se transformer en fer ferreux dans notre intestin s’il subit une action de réduction par la vitamine C. Il faut toutefois de bonnes quantités de vitamine C pour que la réaction ait lieu et cette dernière est lente.
Les personnes qui mangent de la viande mais peu de fruits et légumes manquent plus souvent de fer que celles qui mangent de la viande et beaucoup de fruits et légumes.